Evoquer l’origine du dojo Shiseikan, c’est d’abord rendre hommage à son fondateur, Luc Levannier qui nous a quittés lundi 3 décembre 2018 à l’âge de 95 ans. Il faisait partie de ce qu’on appelle les « pionniers du judo français ». Ceinture noire n°36, reçue en 1945, il fut de la première équipe française de judo à participer à une compétition internationale en 1947 : un « France-Angleterre » dont il fut le premier combattant… et le premier vainqueur. Il fut l’un des quatre fondateurs du mouvement dit « Kodokan » et à l’origine de la fédération EFJJT (école française de judo, jujutsu traditionnel). Jusqu’à 85 ans, il n’a eu de cesse d’enseigner le judo aux petits comme aux grands.
Quand maître Ishiro Abbé fut envoyé en France par le Kodokan de Tokyo en 1953, Luc Levannier fut de ceux à reconnaitre et suivre la voie incarnée par ce grand maître japonais où l’éducation et la finesse priment sur la compétition et où l’opposition de deux forces n’y a pas de sens, plus on avance. Artiste et poète dans l’âme, il passa sa vie à façonner le « ju » de judo, la souplesse dans le corps et l’esprit et son œuvre se reflète dans les centaines d’élèves qu’il a formés.
On ne peut évoquer les sources du dojo Shiseikan sans présenter Jacques Sergent. Malgré une vie bien remplie (architecte, musicien, père de famille, résistant en son temps, engagé pour des valeurs humanistes), il fut le condisciple fidèle de Luc Levannier qu’il accompagna jusqu’au bout de sa vie (il décède le 23 juin 2013). Il était sur les tatamis l’œil averti, profond et bienveillant, attentif à reconnaitre et insuffler chez les pratiquants d’arts martiaux le « do », la voie qui élève l’individu.
Merci à Luc Levannier et Jacques Sergent pour l’exemple de leur vie. Ensemble certainement, ils sillonnent les tatamis du monde et soufflent aux oreilles des enfants, la joie de danser martialement.

Le dojo Shiseikan est en droite ligne du fondateur du judo Jigoro Kano où la souplesse du corps et de l’esprit priment sur la force et l’opposition, mais est aussi ouvert depuis l’origine à d’autres voies comme l’Aïkido et le yoga. Dans le même esprit, Stéphane Chovet, actuel responsable du dojo Shiseikan, s’est employé à faire perdurer les chemins tracés par ses prédécesseurs mais aussi à en ouvrir de nouveaux avec la volonté de créer des ponts avec d’autres disciplines. Aujourd’hui on enseigne au dojo Shiseikan le Jujitsu, le Judo, le karaté do, la Capoeira, le Taïchi Chuan, le Bagua, le Qi Gong, le Yoga, Le Pilates et la Méditation.